ETREINTES BRISEES

Publié le par le cinephage

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film espagnol de Pedro Almodovar avec Pénélope Cruz

TOUT SUR L'AMER

Un cinéaste devenu aveugle vit désormais de ses scénarios. Il est obsédé par le souvenir d'une femme qu'il a connu jadis et avec laquelle il a tourné son dernier film.

On comprend de mieux en mieux comment fonctionne Pedro Almodovar. Par allers et retours successifs (Volver) sur sa vie, ses obsessions, ses amours et son désir de cinéma. Le dernier opus n'échappe pas à la règle, qui procède par touches successives et s'inspire largement d'événements autobiographiques. Le réalisateur d'Attache-moi a été confronté ces derniers mois à la cécité et l'on sait que sa plus grande peur est de voir son film monté par un autre. On retrouve donc logiquement ses éléments dans le film mais avec une certaine distanciation qui est aussi la marque du réalisateur. La morbidité, très présente dans ses derniers films, n'est pas en reste, comme si le spectre de la mort rôdait dans les moindres recoins. Le désir et la sexualité apparaissent comme une façon de repousser le néant mais aussi les apprences sociales. Le couple formé par le personnage interprété par Pénélope Cruz et son mari vit dans le mensonge, métaphore de la situation politique espagnole, qui peine à se défaire des fantômes du franquisme. La trahison en est une autre figure, pas moins intéressante mais plus ambigüe. La révélation de l'image est un bel hommage à Blow Up d'Antonioni, autre cinéaste de l'introspection et de l'amertume.

Au final, un film ambitieux, très personnel, avec un final réjouissant mais qui gagnerait parfois à un montage plus dynamique.

Publié dans cinecritic

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