DESENGAGEMENT

Publié le par Le cinéphage

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film israélien d' Amos Gitaï avec Juliette Binoche

La dérive des continents 

A la mort de son père une jeune femme (Ana) retrouve son frère, devenu soldat en Israël. A la lecture du testament, elle apprend que son père a légué une partie de sa fortune à sa fille qu'elle a abandonné bébé dans un kibboutz. Elle décide alors de rejoindre celle-ci à Gaza, où le jeune fille habite désormais.

Amos Gitaï a construit son film en deux parties. Après un court prologue en forme d'appel à la tolérance entre les deux communautés (le frère d'Ana rencontre une belle palestinienne dans le train), la première partie se passe à Avignon et voit les deux protagonistes Ana et son frère adoptif se retrouver pour la mort de leur père. Ana présente des signes de fragilité et joue un jeu trouble avec son "faux" frère. On finit par en comprendre la raison. Bien que mariée depuis, elle a abandonné sa fille à la naissance en Israël. Le cinéaste file la métaphore de l'abandon d'Israël par la vieille Europe, qui regarde à distance l'état hébreu se débattre dans les méandres de son histoire. L'atmosphère est pesante (le chant de Barbara hendricks y contribue largement) et l'on commence à s'ennuyer.
Puis le film démarre véritablement avec le départ d'Ana et son frère pour Israël. Celui-ci l'abandonne rapidement pour s'occuper du désengagement de la bande de Gaza. Elle part à la recherche de sa fille, devenue institutrice dans une colonie. Elle la rencontre au moment même où les soldats arrivent pour évacuer les colons. Si les retrouvailles sont touchantes (très belle scène où les deux femmes ne peuvent s'étreindre à cause de la peinture bleue (couleurs d'Israël) qui macule les mains de la jeune fille), la scène d'évacuation vire assez rapidement dans un pathos sans doute réel mais qui vient se superposer à la détresse d'Ana qui va perdre sa fille dans la cohue à peine après l'avoir retrouvée.

Il est dommage que Gitaï joue un peu trop avec les symboles (la voiture du père, l'écharpe) et en oublie son film en route. Tout le monde n'est pas Kieslowski.
Si la prestation de Juliette Binoche est parfois inégale , l'ensemble constitue néanmoins une approche intéressante de la situation israélo-palestinienne qui a le mérite de nous donner à voir l'Histoire.

Le détail cinecritic / Une exposition dans la continuité du film au Musée d'histoire et d'art juif à Paris : les photos de Barry Frydlander dont certaines sont consacrées à la bande de Gaza.

Publié dans cinecritic

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